Après 1992, privés du pétrole soviétique et sous embargo américain, les Cubains ont affronté pendant une dizaine d’années (« la période spéciale ») une situation qui présente certaines similarités avec celle qui attend nos sociétés industrielles.
Pour économiser l’énergie, les horaires de travail dans l’industrie furent réduits, la consommation domestique d’électricité rationnée, l’usage de la bicyclette et le covoiturage se sont généralisés, le système universitaire a été décentralisé, le solaire et le biogaz ont été développés (fournissant 10 % de l’électricité). Dans le domaine agricole, le renchérissement des pesticides et des engrais chimiques, très énergivores, a conduit les Cubains à innover : contrôle biologique des nuisibles, fertilisants organiques, périurbanisation de l’agriculture permettant de recycler les déchets organiques ; enfin, la nourriture a été sévèrement rationnée. Le corps des Cubains fut profondément modifié par la période spéciale : en 1993, au plus fort de la crise, la ration journalière descendit à 1900 kilocalories. Les Cubains perdirent 5 kilos en moyenne, entraînant une réduction de 30 % des maladies cardiovasculaires 8. Le plus inquiétant, au regard des efforts consentis par la population cubaine, est que la réduction des émissions de CO2 fut finalement assez modeste, passant en dix ans de 10 à 6,5 millions de tonnes.