Annoncer que la catastrophe est certaine, c’est contribuer à la rendre telle. La passer sous silence ou en minimiser l’importance, à la façon des optimistes béats, conduit au même résultat. Ce qu’il faudrait, c’est combiner les deux démarches : annoncer un avenir destinal qui superposerait l’occurrence de la catastrophe, pour qu’elle puisse faire office de dissuasion, et sa non-occurrence, pour préserver l’espoir. Dans d’autres disciplines, cette superposition serait la marque d’une indétermination. On voit que l’indétermination de la catastrophe future n’est pas du tout la même chose que la conviction que son occurrence est certaine.
Je peux maintenant citer la phrase que les collapsologues ont choisie pour « leitmotiv » en espérant que je serai cette fois mieux compris : « C’est parce que la catastrophe constitue un destin détestable dont nous devons dire que nous n’en voulons pas qu’il faut garder les yeux fixés sur elle, sans jamais la perdre de vue. »
JP Dupuy