Forêts : la fin du puits de carbone français d’ici 2030 ?
- Le taux de mortalité des arbres a augmenté de 54% en une décennie !« due aux crises sanitaires liées a des conditions climatiques à la fois difficiles pour les arbres (sècheresses) et propices aux insectes xylophages, notamment les scolytes. » (IGN, 2022)
- De sècheresses en sècheresses, la croissance des arbres sur la période s’est de plus ralentie (– 4% en dix ans). « la production biologique brute annuelle s’élève en moyenne à 87,8 millions de mètres cubes (Mm3/an) sur la période 2012-2020, elle était de 91,5 Mm3/an sur la période 2005-2013 » (IGN, 2022)
- Sur les cinq derniers inventaires, les prélèvements progressent quant à eux de 2,4% par an et culminent à 51,05 Mm3 en moyenne sur 2017-2021. Et malheureusement, ces prélèvements en hausse sont principalement orientés vers des produis à courte durée de vie. Le bilan du stockage dans les produits bois est bien positif (de 0,8 Mt CO2e en 2021, une fois soustrait le bois partant en fin de vie) mais en baisse sur les dernières années (-84 % depuis 1990). (IGN, 2022 ; Citepa, 2022) ➡ Ces éléments expliquent la chute chronique du puits de carbone forestier français.
Conséquence : un puits de carbone observé de 60 % inférieur à celui qu’avait planifié la SNBC. (HCC, 2022)
🔎 En prolongeant les tendances, on se rapproche d’un effet ciseau à horizon 2030 : la forêt française pourrait cesser d’être un puits de carbone dans moins de 10 ans.Résultat à prendre avec "d’immenses pincettes" (!), mais qui doit nous alerter sur un point : en dépit des discours rassuristes, nous sommes encore et toujours sur une trajectoire chaotique. Des mesures à prendre en conséquence :
➡ Réaffirmer la priorité de la construction, de l’isolation et des usages à long terme du bois en limitant les dispositifs de soutien à des usages de court terme ;
➡ Réduire le recours à la biomasse forestière dans les scénarios de transition sectoriels (construction, industrie, énergie, etc.) au profit d’une plus grande sobriété ;
➡ Renforcer la prévention des incendies, les moyens de l’ONF et de la recherche ;
➡ Démultiplier les initiatives d’adaptation de la forêt française à grand renfort de financements ;
➡ Encore et toujours réduire nos émissions de GES, car nous NE pourrons PAS adapter 1/3 du territoire national !
NB : les données du memento de l’IGN sont basées sur des campagnes de terrains qui couvrent une période de cinq ans. Les résultats de l’édition 2022 se fondent sur les cinq campagnes de terrain menées de 2017 à 2021. NB2 : sur le graphique ci-dessous les années sont celles de publication des inventaires forestiers.
A date, elles représentent les résultats des cinq années précédentes et non l’état réel des forêts. Sources :