Le poids climatique et environnemental des matériaux de construction est important, et nous avons voulu comprendre jusqu’à quel point nous allions pouvoir, dans le futur, réellement « éco-construire » (et « éco-entretenir » !) nos villes et nos infrastructures. Le secteur du bâtiment et des travaux publics, c’est 50% de l’acier, 20% de l’aluminium, 25% des plastiques, presque 100% du sable, des granulats, du ciment. Le ciment et l’acier, d’un point de vue climatique, sont deux « poids lourds » : s’ils étaient des pays, leurs émissions de CO2les classeraient 3e ex-aequo derrière la Chine et les Etats-Unis, avec 7% des émissions mondiales chacun…
Le premier réflexe des acteurs du secteur et des industriels est de « verdir » les matériaux actuels. Mais ce sera long et difficile, voire impossible, à déployer à l’échelle où nous les utilisons. Pour l’acier, le salut viendrait de l’hydrogène, qui peut remplacer le coke de charbon pour réduire l’oxyde de fer ; les perspectives sont proches (des pilotes industriels sont lancés), mais encore faudra-t-il disposer d’hydrogène « vert » en quantité suffisante… Pour le ciment (dont l’élément constitutif principal, le clinker, fabriqué à partir de la cuisson de calcaire et d’argile, émet « nativement » du CO2), rien d’évident. Il y a des pistes de formulations avec moins, voire pas de clinker pour certaines applications (limitées), mais l’industrie mainstream s’en remet surtout à la capture et la séquestration du carbone dans les cimenteries… solution bien hypothétique et lointaine à date.